Encourager des choix alimentaires plus sains : illustration du rôle des politiques publiques ciblant le consommateur

La transition nutritionnelle a entraîné un déplacement relatif des problèmes de santé publique (Bodirsky, 2020). Depuis le XXème siècle, les maladies chroniques augmentent, ainsi, de façon préoccupante tandis que les maladies transmissibles ont tendance à diminuer (Polton, 2023). Agir sur l'environnement alimentaire représente à la fois des défis et des opportunités significatifs pour orienter la santé publique vers la prévention de ces maladies chroniques et la promotion de la santé (Chen et li, 2024).

Pour ce faire, une action collective et simultanée de l’ensemble des parties prenantes, est nécessaire (Esnouf et al., 2011) et les politiques publiques sont l’un des leviers pour y parvenir. Ce mois-ci, l’édition d’Equation Nutrition propose de se focaliser sur l’effet des politiques publiques agissant sur le « consommateur » afin de l’encourager à faire des choix alimentaires plus sains.

Le premier article explore l’évolution de la législation européenne en matière d’alimentation. Ce travail analyse les différentes politiques et réglementations visant à améliorer la transparence nutritionnelle et à promouvoir des choix alimentaires plus sains. Les principales mesures comprennent l’étiquetage nutritionnel obligatoire, les restrictions sur la publicité des aliments malsains et les initiatives visant à rendre les options saines plus visibles et accessibles. L’accent est mis sur l’importance de fournir des informations claires et non trompeuses pour aider les consommateurs à prendre des décisions éclairées concernant leur alimentation.

Le deuxième article est une revue examinant l’impact des programmes de prescription de fruits et légumes visant à augmenter leur consommation chez les populations vulnérables. Les programmes analysés fournissent des prescriptions ou des bons d’achat pour des fruits et légumes frais, en collaboration avec des prestataires de soins de santé et des marchés locaux. Les résultats montrent que ces initiatives peuvent améliorer de manière significative l’accès aux aliments sains et présenter des effets positifs sur la santé des bénéficiaires. La revue souligne toutefois les défis associés au déploiement de ces programmes tels que le financement durable et l’intégration efficace dans les systèmes de santé existants.

Le troisième article présente le concept récent de « Nudge Plus ». Contrairement aux nudges traditionnels, qui modifient subtilement l’architecture des choix, le Nudge Plus inclut des mécanismes de retour d’information et des incitations à la réflexion personnelle. Dans le domaine des choix alimentaires par exemple, ce concept pourrait inclure des engagements personnels ou des rappels qui encouragent les individus à réfléchir sur leurs décisions alimentaires et leurs impacts à long terme sur la santé.

Ensemble, ces articles convergent vers une vision où l’information, la transparence et l’engagement actif des consommateurs sont essentiels pour promouvoir des choix alimentaires sains. La législation et les programmes communautaires, lorsqu’ils sont combinés avec des stratégies comme le Nudge Plus, peuvent créer un environnement propice à des changements de comportement durables et bénéfiques pour la santé publique.

Jean-Michel Lecerf Médecin spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques

CHRU et Institut Pasteur de Lille