« Les facteurs de risques comportementaux chez les adolescents »

Sédentarité et consommation de fruits et légumes ne font pas bon ménage chez les ados

Chez les jeunes, on observe des niveaux croissants d’inactivité physique et de sédentarité 1 . La sédentarité est souvent définie comme le temps passé devant la télévision, l’ordinateur ou sur Internet. L’Académie Américaine de Pédiatrie conseille aux parents de limiter le temps total d’exposition aux médias à 1-2 heures par jour 2. De plus, selon le type d’activité, les comportements sédentaires peuvent avoir une influence sur la consommation alimentaire. Par exemple, un temps accru devant la télé serait associé à une alimentation peu saine : plus de sucreries, de snacks et de boissons sucrées et moins de fruits et légumes.

Il n’existe pas d’étude examinant la relation entre la consommation de F&L et le temps passé à différentes activités sédentaires. C’est pourquoi notre étude a porté sur l’association existant entre le temps passé à des activités sédentaires et la consommation de certains aliments et boissons chez des adolescents Européens.

HELENA : 2 202 adolescents issus de 10 villes européennes

L’étude transversale HELENA (Healthy Lifestyle in Europe by Nutrition in Adolescence – Un mode de vie sain en Europe par la nutrition durant l’adolescence) est un projet financé par l’Union Européenne, étudiant le mode de vie et la nutrition. La population étudiée a rassemblé 2 202 adolescents (45,5% de garçons), âgés de 12,5 à 17,5 ans, issus de 10 villes européennes (Athènes, Héraklion, Dortmund, Gand, Lille, Pecs, Rome, Stockholm, Vienne, Saragosse). Les adolescents ont auto rapportés les fréquences de certains comportements sédentaires durant la semaine et le weekend: regarder la télé, jouer à des jeux sur l’ordinateur ou une console vidéo, surfer sur Internet (buts récréatifs et éducatifs) et étudier (en dehors de l’école). Leur consommation alimentaire des dernières 24 heures a été mesurée par un auto-questionnaire informatisé qu’ils ont complété deux fois durant les cours. La consommation de F&L a été sélectionnée parmi l’ensemble des 43 groupes d’aliments étudiés.

Les différences de consommation de certains aliments selon le temps consacré à chaque activité sédentaire ont été analysées. Grâce à une analyse par régression logistique, des odds ratios ont été obtenus illustrant les liens entre la consommation de certains aliments et un comportement sédentaire spécifique.

Les adolescents les plus sédentaires consomment moins de fruits et légumes

La consommation de F&L n’était pas différente selon le sexe des adolescents, même si, en général, les filles avaient une consommation de F&L plus importante que les garçons. Les adolescents qui passaient plus de 4 heures/jour à regarder la télé en semaine et le week-end, à jouer à des jeux vidéo ou à utiliser Internet à des fins récréatives en semaine, avaient une moindre probabilité de consommer des fruits que ceux qui y passaient moins de 2 heures/jour. En outre, la probabilité de consommer des fruits diminuait avec l’augmentation du temps passé devant la télé, à jouer à des jeux sur l’ordinateur ou une console ou à surfer sur Internet. A l’inverse, la probabilité de consommer des fruits augmentait à mesure que le temps passé à étudier durant la semaine augmentait, dans les deux sexes.

Globalement, nous avons observé que les adolescents qui consacrent plus de temps à des activités sédentaires (télé, jeux vidéo, Internet à des fins récréatives) consomment moins de fruits et légumes et ont une moindre probabilité d’en consommer. Selon les analyses effectuées chez les garçons puis les filles, ces associations persistent dans les deux sexes. Ces tendances pourraient être dues au remplacement des fruits par d’autres aliments bénéficiant d’une importante publicité. Classiquement, les activités devant un écran, en particulier la télé, ont été associées à des comportements alimentaires malsains 3, ce qui pourrait expliquer en partie la relation entre la sédentarité et l’obésité 4. Il est possible que de faibles niveaux d’activité physique, associés à des attitudes parentales permissives par rapport à la télé, les jeux vidéo, l’usage d’Internet pour étudier et la disponibilité d’Internet à la maison, pourraient influencer le temps que les adolescents consacrent aux différents comportements sédentaires ainsi que leur consommation alimentaire.

Quelles actions envisager à court terme chez les adolescents ?

Un temps excessif passé devant la télé, à l’ordinateur ou sur Internet (>2 heures/jour) durant l’adolescence est associé à une moindre consommation de fruits. On peut donc supposer que ces adolescents ont un plus fort risque de surpoids et d’obésité et un moins bon statut nutritionnel. D’un point de vue de santé publique, envisager des actions auprès des adolescents visant à améliorer la consommation d’aliments sains et à remplacer les activités sédentaires par d’autres activités serait sans doute utile à court terme. Il faudrait également impliquer les parents dans la création d’environnements sains.

Santaliestra-Pasías AM, Mouratidou T, Verbestel V, Huybrechts I, Gottrand F, Le Donne C, et al. Food consumption and screen-based sedentary behaviors in European adolescents: The Helena study. Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine2012:1-11.
  1. Ekelund U et al. TV viewing and physical activity are independently associated with metabolic risk in children: the European Youth Heart Study. PLoS Med2006 Dec;3(12):e488.
  2. Academy of Pediatrics A. Children, adolescents, and television. Pediatrics2001 Feb;107(2):423-6.
  3. Hare-Bruun H et al. Television viewing, food preferences, and food habits among children: A prospective epidemiological study. BMC Public Health2010;11:311.
  4. Blass EM et al. On the road to obesity: Television viewing increases intake of high-density foods. Physiol Behav2006 Jul 30;88(4-5):597-604.
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