Fruits et légumes : quelles interventions pour augmenter leur consommation chez les enfants ?

Privilégier les interventions multi-composantes pour augmenter la consommation de fruits et légumes des 2-5 ans

Si les bienfaits des fruits et légumes pour la santé des enfants sont aujourd’hui bien établis, leur consommation reste insuffisante au sein de cette population aux États-Unis. Face à ce constat, un nombre croissant d’interventions sont élaborées afin de promouvoir des comportements alimentaires plus sains chez les enfants. Récemment, une revue systématique a évalué l’efficacité d’interventions visant à améliorer la consommation de fruits et légumes chez les enfants en âge préscolaire. D’après ce travail, les interventions nutritionnelles à composantes multiples sont les plus efficaces pour augmenter la consommation de fruits et légumes.

Aux États-Unis, seuls 40% des enfants consomment suffisamment de fruits et 7% suffisamment de légumes. Ces aliments sont pourtant essentiels au bon développement de l’organisme et notamment du système cérébral de l’enfant (Wachs et al, 2014).

Face à ce constat, de nombreuses stratégies ont été élaborées afin d’augmenter la consommation de fruits et légumes chez les enfants. Parmi ces dernières, les interventions nutritionnelles à l’âge préscolaire suscitent un intérêt croissant. En effet, cette période de la vie est particulièrement importante car les enfants commencent à développer leurs habitudes alimentaires et à acquérir de l’autonomie dans leurs choix (Lioret et al, 2020).

Si de nombreuses études ont cherché à évaluer l’impact des interventions nutritionnelles sur les comportements alimentaires des enfants, elles comportent encore beaucoup de lacunes. Afin de les combler, une revue systématique récente (Hasan et al, 2023) a été menée afin d’identifier les interventions les plus efficaces pour augmenter la consommation de fruits et légumes chez des enfants âgés de 2 à 5 ans.

Les interventions comprenant de l’éducation nutritionnelle permettent d’augmenter significativement la consommation de fruits et légumes

Au total, 9 études d’intervention ont été inclues dans ce travail (voir méthodologie). Six d’entre elles ont permis d’augmenter de manière significative la consommation de fruits et légumes chez les enfants. La très grande majorité (5 études sur 6) incluaient notamment de l’éducation nutritionnelle.

Les auteurs de la revue soulignent que ces résultats sont cohérents avec ceux obtenus dans des travaux antérieurs. Des interventions basées sur l’apprentissage expérentiel de notions relatives à la nutrition et l’alimentation saine ont notamment amélioré de manière significative la préférence et la consommation de fruits et légumes chez les jeunes enfants par rapport à celles reposant sur l’implication des parents ou le renforcement positif (Dudley et al, 2015). Ces améliorations du comportement alimentaire sont d’autant plus marquées lorsque les interventions comportent plusieurs composantes ou stratégies (Charlton et al, 2021 ; Varman et al, 2021).

Augmenter la disponibilité des fruits et légumes ne suffit pas à augmenter leur consommation

Cette revue de la littérature a également examiné l’efficacité de la modification de l’environnement alimentaire. Au regard des études examinées, cette approche n’est pas systématiquement efficace pour moduler les comportements.

Ainsi, des études d’interventions consistant à fournir des repas en portions prédéterminées à l’école maternelle ou à distribuer des fruits et légumes aux enfants pour qu’ils les rapportent à la maison, ont obtenu des résultats contradictoires, notamment des diminutions de la consommation de fruits et légumes (Harnack et al, 2012).

La seule stratégie s’étant avérée pertinente pour augmenter la consommation de fruits seule consistait à servir des fruits et légumes 5 minutes avant le reste du repas (Harnack et al, 2012). Ainsi, ces résultats suggèrent que l’augmentation de la disponibilité des fruits et légumes, seule, ne suffit pas à augmenter leur consommation, mais qu’une composante supplémentaire, telle que l’éducation nutritionnelle, peut être nécessaire (Nicklas et al, 2017).

Utiliser les techniques de changement de comportement pourrait améliorer l’efficacité des interventions

L’une des raisons susceptibles d’expliquer l’inefficacité de certaines interventions reposerait sur le manque d’utilisation de techniques de changement de comportement (voir encadré). En effet, d’après cette revue, les études ayant permis d’améliorer de manière significative la consommation de fruits et légumes ont employé au moins 3 de ces techniques et couvert au minimum 2 domaines des 16 rattachés.

Les domaines les plus fréquemment utilisés sont les suivants :

  • N° 7 – Répétition et substitution : comprenant les techniques « Pratique ou répétition comportementale », « Création d'habitudes » et « Tâches graduelles ».
  • N° 12 – Antécédents : regroupant notamment la technique “Ajout d'objets à l'environnement » ;
  • N° 13 – Identité : avec pour technique la plus utilisée « Cadrage et recadrage » ;

Toutefois, aucune association n’a été observée entre l’utilisation des techniques de changement de comportement et l’impact des interventions.

Trois pistes d’amélioration pour de futures interventions

Malgré les résultats prometteurs rapportés par certaines des études examinées dans ce travail, les auteurs soulignent les lacunes importantes persistantes pour identifier les interventions et composantes les plus efficaces pour faire évoluer les comportements alimentaires des enfants. Ainsi, ils pointent la nécessité de poursuivre les efforts de recherche pour examiner d’autres interventions en faveur des fruits et légumes dans les établissements d’accueil d’enfants aux États-Unis.

En conclusion de ce travail, trois pistes d’amélioration sont proposées pour la conception de futures interventions :

  1. Utiliser des méthodologies robustes avec des mesures objectives de l’apport alimentaire,
  2. Réaliser une comparaison directe des composantes de l’intervention et des techniques de modification du comportement à l’aide d’une analyse factorielle,
  3. Inclure des mesures de suivi pour évaluer les changements de comportement à long terme.

Basé sur : Hasan F, et al. Preschool- and childcare center-based interventions to increase fruit and vegetable intake in preschool children in the United States: a systematic review of effectiveness and behavior change techniques. Int J Behav Nutr Phys Act. 2023 Jun 3;20(1):66.

Focus sur les techniques de changement du comportement

Les techniques de modification du comportement correspondent aux composantes concrètes utilisées dans une intervention visant à modifier un comportement. L’ensemble de ces techniques est regroupé dans une taxonomie des techniques de changement de comportement. Développée par des chercheurs du « Center for Behavior Change », cette classification s’appuie sur une série de recherches en sciences comportementales et en psychologie et rassemble 93 techniques uniques regroupées dans 16 domaines, accompagnées d’exemples pratiques.

Méthodologie
Messages clés
  • Agir sur le niveau de connaissance des enfants (éducation nutritionnelle) est systématiquement efficace pour améliorer la consommation de fruits et légumes.
  • Agir uniquement sur l’environnement alimentaire, sans apport de connaissances mène à des résultats contradictoires, notamment des diminutions de la consommation de fruits et légumes.
  • Aucune association n’a été établie entre l’utilisation des techniques de modification du comportement et l’efficacité des études.
  • Des travaux supplémentaires sont nécessaires afin de combler les lacunes relevées par cette revue.
Références
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