Encourager des choix alimentaires plus sains : illustration du rôle des politiques publiques ciblant le consommateur

Avis d’expert – Politiques de préventions alimentaires en France : deux questions à Véronique Braesco

Véronique Braesco Ingénieur agronome, docteur en nutrition et ancienne directrice de recherche à l’INRAE
A propos de l’auteur

Ingénieur agronome, docteur en nutrition et ancienne directrice de recherches à l’INRA, Véronique Braesco a dirigé le département Recherche en Nutrition du Groupe Danone. A ce poste, elle a piloté la conception et la mise en place des stratégies scientifiques à l’appui du positionnement nutrition-santé du Groupe et du développement des produits innovants. Elle a également été responsable du Centre de Recherche en Nutrition Humaine d’Auvergne. Elle a rédigé plus d’une centaine de contributions scientifiques sur des sujets de nutrition, et ses activités l’ont conduite à siéger dans différents conseils scientifiques et comités d’experts nationaux et internationaux. Elle a créé VAB-nutrition, une société de conseil scientifique en nutrition humaine auprès des opérateurs de l’agro-alimentaire en 2007

Idée reçue 1 Les politiques publiques actuelles mises en place en France sont suffisantes pour améliorer les habitudes alimentaires de la population. Faux

Bien que les politiques de prévention mises en place en France soient aujourd’hui indispensables et méritent d’exister, elles demeurent insuffisantes pour répondre pleinement aux enjeux actuels.

Par exemple, des messages comme celui du PNNS qui recommande de « manger au moins 5 fruits et légumes par jour » ou bien l’étiquetage du Nutri-Score sur des produits alimentaires permettent d’améliorer l’information des consommateurs, mais elles restent d’une efficacité limitée quant aux choix et achats effectués (Etude ESTEBAN, 2017 ; Dubois et al., 2021). Il faut cependant souligner qu’il est difficile d’évaluer en conditions réelles l’efficacité sur le long terme de mesures de santé publique. La simple information sur les produits et la connaissance des recommandations alimentaires ne suffisent pas à induire des changements de comportement significatifs et durables dans le temps.

Il est aujourd’hui crucial de diversifier les actions de prévention en leur allouant suffisamment de moyens, et en les dirigeant sur les populations les plus susceptibles d’en bénéficier. En effet, les politiques de prévention actuelles ont souvent tendance à viser une population déjà sensibilisée. Malgré le danger de stigmatisation, cibler les groupes qui en ont le plus besoin semble essentiel pour renforcer l’efficacité de la prévention.

Idée reçue 1 Les politiques publiques actuelles mises en place en France sont suffisantes pour améliorer les habitudes alimentaires de la population. Faux

Bien que les politiques de prévention mises en place en France soient aujourd’hui indispensables et méritent d’exister, elles demeurent insuffisantes pour répondre pleinement aux enjeux actuels.

Par exemple, des messages comme celui du PNNS qui recommande de « manger au moins 5 fruits et légumes par jour » ou bien l’étiquetage du Nutri-Score sur des produits alimentaires permettent d’améliorer l’information des consommateurs, mais elles restent d’une efficacité limitée quant aux choix et achats effectués (Etude ESTEBAN, 2017 ; Dubois et al., 2021). Il faut cependant souligner qu’il est difficile d’évaluer en conditions réelles l’efficacité sur le long terme de mesures de santé publique. La simple information sur les produits et la connaissance des recommandations alimentaires ne suffisent pas à induire des changements de comportement significatifs et durables dans le temps.

Il est aujourd’hui crucial de diversifier les actions de prévention en leur allouant suffisamment de moyens, et en les dirigeant sur les populations les plus susceptibles d’en bénéficier. En effet, les politiques de prévention actuelles ont souvent tendance à viser une population déjà sensibilisée. Malgré le danger de stigmatisation, cibler les groupes qui en ont le plus besoin semble essentiel pour renforcer l’efficacité de la prévention.

Idée reçue 2 Il suffit de politiques d’aide financière pour améliorer nos habitudes alimentaires. Faux

Mettre en œuvre un seul type de mesure ou d’action de Santé Publique sera moins efficace qu’une association de mesures diverses. Il n’en reste pas moins que des aides financières, aujourd’hui inexistantes en France à large échelle, pourraient favoriser l’achat d’aliments de bonne qualité nutritionnelle. En effet, la précarité alimentaire concerne un nombre croissant d’individus qui déclarent ne pas avoir les moyens d’une alimentation équilibrée, voire d’une alimentation en quantité suffisante (Caillavet et al., 2021 ; Fondation Nestlé et C-Ways, 2023). Cette réalité se manifeste également par une augmentation du recours aux banques alimentaires, dans un contexte de forte d’inflation, qui affecte particulièrement les produits alimentaires, y compris les fruits et légumes, rendant leur accès d’autant plus difficile pour les personnes à faible revenu.

Pour répondre à ces défis, diverses politiques pourraient être envisagées, telles que l’augmentation des moyens allouées aux banques alimentaires ainsi que l’introduction de subventions directes ou la distribution de bons d’achats pour encourager l’achat de produits alimentaires sains.

Bien que la consommation d’aliments sains puisse être entravée par des contraintes financières, d’autres freins à la consommation doivent également être pris en compte. Ces aliments demandent souvent à être préparés ou cuisinés, ce qui se heurte souvent à un manque de temps et parfois d’équipement de cuisine. On pourrait favoriser l’accès à des cuisines équipées partagées, par exemple dans les logements pour étudiants ou populations précarisées. La promotion de recettes saines et (vraiment) rapides peuvent faciliter l’élaboration de repas. Il faut aussi encourager l’industrie alimentaire à poursuivre ses efforts pour proposer, à un coût réellement maîtrisé, des produits alimentaires prêts à manger ou réchauffer et dotés d’une bonne qualité nutritionnelle et organoleptique.

Les habitudes alimentaires et les préférences jouent également un rôle crucial. Au-delà d’une éducation nutritionnelle et alimentaire, il est également essentiel de développer l’appréciation des produits alimentaires sains, par le biais de programmes d’éducation sensorielle et gustative, notamment auprès des enfants.

Enfin, il est primordial de ne pas sous-estimer l’importance de l’activité physique qui doit être soutenue, à travers des initiatives comme des subventions pour les clubs de sport locaux.

Pour améliorer les habitudes alimentaires et promouvoir des comportements sains, une approche globale et intégrée est indispensable. In fine, l’objectif devrait être de créer un environnement favorable, permettant à chacun de faire facilement les choix bénéfiques pour sa santé. Il y a encore du travail….

Idée reçue 2 Il suffit de politiques d’aide financière pour améliorer nos habitudes alimentaires. Faux

Mettre en œuvre un seul type de mesure ou d’action de Santé Publique sera moins efficace qu’une association de mesures diverses. Il n’en reste pas moins que des aides financières, aujourd’hui inexistantes en France à large échelle, pourraient favoriser l’achat d’aliments de bonne qualité nutritionnelle. En effet, la précarité alimentaire concerne un nombre croissant d’individus qui déclarent ne pas avoir les moyens d’une alimentation équilibrée, voire d’une alimentation en quantité suffisante (Caillavet et al., 2021 ; Fondation Nestlé et C-Ways, 2023). Cette réalité se manifeste également par une augmentation du recours aux banques alimentaires, dans un contexte de forte d’inflation, qui affecte particulièrement les produits alimentaires, y compris les fruits et légumes, rendant leur accès d’autant plus difficile pour les personnes à faible revenu.

Pour répondre à ces défis, diverses politiques pourraient être envisagées, telles que l’augmentation des moyens allouées aux banques alimentaires ainsi que l’introduction de subventions directes ou la distribution de bons d’achats pour encourager l’achat de produits alimentaires sains.

Bien que la consommation d’aliments sains puisse être entravée par des contraintes financières, d’autres freins à la consommation doivent également être pris en compte. Ces aliments demandent souvent à être préparés ou cuisinés, ce qui se heurte souvent à un manque de temps et parfois d’équipement de cuisine. On pourrait favoriser l’accès à des cuisines équipées partagées, par exemple dans les logements pour étudiants ou populations précarisées. La promotion de recettes saines et (vraiment) rapides peuvent faciliter l’élaboration de repas. Il faut aussi encourager l’industrie alimentaire à poursuivre ses efforts pour proposer, à un coût réellement maîtrisé, des produits alimentaires prêts à manger ou réchauffer et dotés d’une bonne qualité nutritionnelle et organoleptique.

Les habitudes alimentaires et les préférences jouent également un rôle crucial. Au-delà d’une éducation nutritionnelle et alimentaire, il est également essentiel de développer l’appréciation des produits alimentaires sains, par le biais de programmes d’éducation sensorielle et gustative, notamment auprès des enfants.

Enfin, il est primordial de ne pas sous-estimer l’importance de l’activité physique qui doit être soutenue, à travers des initiatives comme des subventions pour les clubs de sport locaux.

Pour améliorer les habitudes alimentaires et promouvoir des comportements sains, une approche globale et intégrée est indispensable. In fine, l’objectif devrait être de créer un environnement favorable, permettant à chacun de faire facilement les choix bénéfiques pour sa santé. Il y a encore du travail….

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