Diabète gestationnel : l’adoption d’un mode de vie sain avant la grossesse réduirait le risque

Une récente revue de la littérature a examiné les connaissances disponibles sur l’effet du mode de vie (régime alimentaire et/ou activité physique) avant la grossesse sur la prévention du diabète gestationnel. Ce travail démontre que l’adoption d’un régime alimentaire sain et la pratique d’une activité physique dès la période pré-conceptionnelle permettait de réduire le risque de diabète gestationnel. Afin d’améliorer l’efficacité des interventions, les auteurs de cette étude invitent à tenir compte de l’ensemble des aspects du mode de vie et à personnaliser les interventions.

Le diabète gestationnel correspond à une hyperglycémie détectée pour la première fois au cours de la grossesse (WHO, 2013). Bien qu’il soit généralement diagnostiqué entre la 24e et la 28e semaine de gestation, il est possible d’observer avant cette période des variations de la glycémie susceptibles d’induire des effets néfastes sur le fœtus. En effet, la santé métabolique de la mère au cours de la grossesse exerce une influence déterminante sur la santé de l’enfant (Kwon et al., 2017).

À l’échelle mondiale, le diabète gestationnel touche environ 1 naissance sur 6, un chiffre soulignant la nécessité de déployer davantage de mesures (IDF, 2021).

Les interventions sur le mode de vie constituent des stratégies pertinentes pour la prévention du diabète gestationnel. Si plusieurs études ont été menées sur le sujet, les résultats sont mitigés et les données restent limitées (Bain et al., 2015 ; Simmons et al., 2015 ; Assaf-Balut et al., 2017 ; Poston et al., 2015). Afin d’apporter plus de preuves, une revue systématique (Sampathkumar et al., 2023) a résumé la littérature disponible sur les composantes du mode de vie susceptibles de réduire le risque de diabète gestationnel.

Une association positive entre un mode de vie sain avant la grossesse et la réduction du risque de diabète gestationnel

Au total, 30 études portant sur 257 876 grossesses ont été inclues dans cette revue. Parmi ces travaux, 5 reposaient sur l’activité physique et 16 sur le régime alimentaire, explorant différents composants alimentaires.

La méta-analyse des études de cohortes confirme l’existence d’un lien étroit entre un mode de vie sain avant la grossesse – activité physique importante et un régime alimentaire sain – et la réduction du risque de diabète gestationnel. Dans le détail :

• La pratique d’une activité physique avant la grossesse réduit de 34% le risque de diabète gestationnel.
• Un régime pauvre en glucides et en sucres ajoutés diminue de 24% le risque de diabète gestationnel.
• Une alimentation de bonne qualité nutritionnelle est associée à une réduction du risque de 28%.

Une meilleure efficacité des interventions sur le mode de vie en début et au cours de la grossesse

Les essais cliniques randomisés n’ont pas montré de réduction significative du risque de diabète gestationnel chez les femmes ayant bénéficié d’une intervention sur le mode de vie avant la grossesse. Ce résultat peut s’expliquer par l’hétérogénéité méthodologique des études inclues et au nombre limité d’essais menés jusqu’à présent.

En comparaison avec d’autres travaux, une revue systématique récente a montré qu’une intervention nutritionnelle pendant la grossesse permettait de réduire de 39% le risque de diabète gestationnel chez 3029 femmes (Chen et al., 2020). Par ailleurs, il a été démontré que les interventions axées uniquement sur l’activité physique, en début de grossesse, réduisaient le risque de diabète gestationnel (Teede et al., 2022 ; Zhang et al., 2014).

Personnaliser les interventions en combinant différents aspects du mode de vie

Les conclusions de cette étude soulignent le manque de données disponibles sur les effets d’interventions axées sur le mode de vie avant la grossesse sur le risque de diabète gestationnel.

Afin de fournir plus de preuves, les futurs travaux sont invités à tenir compte des différents aspects du mode de vie afin de proposer des interventions personnalisées. En effet, de nombreuses études ont démontré que les femmes issues de certains groupes ethniques rencontraient plus de difficultés à suivre une intervention « généralisée » en raison de spécificités culturelles et territoriales (Egan et al., 2019 ; Nicklas et al., 2011). De même, il peut être difficile d’accéder aux interventions en présentiel pour les femmes ayant de jeunes enfants (Ekezie et al., 2022). Pour tenir compte de l’ensemble de ces contraintes, certains auteurs suggèrent d’utiliser la technologie – téléphone mobile, applications – pour mettre en œuvre ces interventions.

Basé sur : Sampathkumar S, et al. Effectiveness of pre-pregnancy lifestyle in preventing gestational diabetes mellitus-a systematic review and meta-analysis of 257,876 pregnancies. Nutr Diabetes. 2023 Nov 16;13(1):22.