« Alimentation et pratiques parentales, conséquences sur les enfants »

Consommation de fruits et légumes chez les enfants : le rôle des cognitions chez les enfants et des habitudes alimentaires chez les parents

Il est important de promouvoir la consommation quotidienne de fruits et légumes chez les enfants et les adolescents car les habitudes alimentaires acquises dès la petite enfance peuvent perdurer jusqu’à l’âge adulte.

Cependant, ces habitudes alimentaires sont souvent perturbées pendant l’adolescence, une période caractérisée par la construction de l’identité et un rapide développement cognitif. L’adolescence est aussi une période d’indépendance grandissante où les individus veulent prendre leurs propres décisions y compris concernant quoi manger et quand. Cependant, à cette soif des adolescents, de prendre en main leurs choix alimentaires et leurs repas, ne correspond pas forcement l’aptitude à prendre des décisions saines. Les interventions nutritionnelles ciblant cette population ont donc donné des résultats mitigés.

Impact combiné des connaissances des enfants et de l’influence des parents

Les processus cognitifs font appel à des mécanismes mentaux, comme les perceptions individuelles, la mémoire et la pensée. Ils représentent d’importants facteurs internes qui influencent les comportements alimentaires chez les enfants, les facteurs externes les plus importants étant leurs parents. Ils peuvent s’y prendre de plusieurs manières pour influencer les comportements alimentaires de leurs enfants, comme, par exemple, les encourager à consommer certains aliments et limiter l’accès à d’autres. Les habitudes alimentaires des parents renforcent les connaissances alimentaires des enfants et leurs décisions concernant les choix alimentaires. Il serait donc intéressant d’évaluer, à la fois, l’influence des connaissances des enfants et les comportements alimentaires des parents, pour élaborer des interventions communes aux deux groupes.

L’objectif de notre étude a été d’évaluer l’impact combiné des connaissances des enfants et des pratiques alimentaires des parents sur les intentions et les comportements de consommation de F&L chez les enfants.

Une enquête norvégienne chez les 10-12 ans et leurs parents

Des enquêtes transversales ont été menées chez des enfants âgés de 10 à 12 ans, et leurs parents, dans 18 écoles du sud-ouest de la Norvège. Nous avons ciblé les 10-12 ans car, à cet âge, les enfants atteignent un niveau cognitif qui leur permet de rapporter leurs connaissances et leurs comportements, tout en restant très influencés par leurs parents.

Le questionnaire destiné aux enfants mesurait la consommation et les connaissances des F&L tels que définis par le modèle ASE (Attitude – Social Influence – Self-Efficacy, Attitude – Influence Sociale – Autonomie). Celui pour les parents mesurait leurs comportements alimentaires, selon le Questionnaire Global des Comportements Alimentaires CFPQ (Comprehensive Feeding Practices Questionnaire), un outil relativement récent de mesure à 12 dimensions des comportements alimentaires des parents.

Quatre modèles de régression différents ont été testés, afin d’expliquer l’impact des connaissances des enfants et des comportements alimentaires des parents sur les intentions de consommation de F& L des enfants et leurs comportements. Seuls les couples parentsenfants aux données complètes pour les quatre modèles ont été inclus dans nos analyses.

Le poids des connaissances des enfants

Nos analyses ont révélé qu’une large portion des intentions et des comportements des enfants concernant leur consommation de fruits pouvait être expliquée par les connaissances rapportées par les enfants (respectivement 29% et 25%). Ceci s’appliquait également à la consommation de légumes (42% et 28%, respectivement). Les comportements alimentaires des parents rajoutent 3% à la variance expliquant les intentions de consommation de fruits et 4% à celle des légumes. Ainsi, les connaissances des enfants semblent être mieux corrélées aux intentions et aux comportements des enfants que les habitudes alimentaires de leurs parents (des associations indirectes sont possibles mais aucune n’a été évaluée dans cette étude).

Les futurs travaux de recherche devraient porter sur la modulation des connaissances des enfants par les comportements alimentaires des parents, sur les intentions ainsi que sur les comportements alimentaires sains des enfants. Il serait également nécessaire d’approfondir les connaissances sur les mécanismes d’action de ces variables avant d’élaborer des programmes d’interventions auprès des parents et des enfants.

Elisabeth Lind Melbye
Ecole de Commerce UiS, Université de Stavanger, Norvège
Melbye, E.L., Øverby, N.C. and Øgaard, T. (2011). Child consumption of fruit and vegetables: the roles of child cognitions and parental feeding practices. Public Health Nutrition;15(6):1047-1055
Retour Voir l'article suivant