Une revue de la littérature identifie sept bonnes pratiques pour les interventions cherchant à augmenter la consommation de légumes chez les enfants

12 juillet 2024

Les recommandations alimentaires du monde entier soulignent l’importance de la consommation de légumes dans le cadre d’un régime alimentaire sain. De nombreuses campagnes et initiatives de sensibilisation ont été menées pour améliorer les niveaux de consommation, notamment chez les enfants. Néanmoins, il reste difficile d’obtenir des augmentations significatives et durables, en particulier chez les plus jeunes. Récemment, une étude innovante a combiné revue de la littérature et traduction concrète des connaissances en lignes directrices pour la conception d’intervention efficaces. Ce travail identifie sept points clés à intégrer aux interventions visant l’augmentation de la consommation de légumes chez les enfants. Cette étude a également débouché sur une boite à outils disponible en ligne à destination des acteurs de terrain : professionnels de santé, de la petite enfance, enseignants et acteurs économiques.

Les légumes sont une composante essentielle d’une alimentation saine, et leur consommation est associée à une réduction du risque de maladies chroniques (OMS, 2019). Dans une grande partie de la population, en particulier les enfants, la consommation de légumes reste, malheureusement, bien en dessous des recommandations.

En Australie, seuls 6 % des enfants atteignent les niveaux de consommation de légumes recommandés.
Mihrshahi S et al., 2019

Améliorer la qualité de l’alimentation, en particulier par la consommation suffisante de fruits et légumes, reste ainsi une priorité de santé publique (OMS, 2020). Malgré le consensus existant concernant l’importance d’augmenter la consommation de légumes, la traduction de ces recommandations nutritionnelles en messages concrets et pratiques pour les consommateurs s’avère difficile (Civic creative, 2015 ; Rekhy et al., 2014).

Pour y palier, une étude australienne (Hendrie et al., 2024) a réalisé un état des connaissances puis a décliné les points clés de réussite identifiés en lignes directrices pour augmenter la consommation de légumes chez les enfants.

Traduire la science en pratique réelle grâce à une méthodologie innovante

L’originalité de cette étude repose sur sa méthodologie en deux étapes :

  • Une revue systématique de la littérature scientifique a permis d’identifier les caractéristiques des interventions associées à une augmentation significative de la consommation de légumes chez les enfants.
  • Ces résultats scientifiques ont été traduits en lignes directrices pour de meilleures pratiques sur le terrain, en associant des représentants des acteurs de terrain.

Au total, 15 interventions menées auprès d’enfants en bonne santé, âgés de 2 à 12 ans ont été incluses dans ce travail. La majorité des études ont été réalisées aux Etats-Unis, en Europe, ainsi qu’en Australie, sur des durées allant de 3 à 18 mois. Dix des études ont été menées en milieu communautaire (familles essentiellement) et cinq en milieu scolaire. La plupart des travaux examinés s’adressaient à la fois aux parents et aux enfants ; deux incluaient également les enseignants. Enfin, trois types d’objectifs étaient visés par ces interventions :

  • Augmenter la consommation de légumes,
  • Augmenter la consommation de fruits et légumes combinés,
  • Améliorer globalement la qualité de l’alimentation et du mode de vie.

Les interventions considérées comme efficaces par leurs auteurs ont permis d’augmenter la consommation de légumes en moyenne de 30% à la fin de la période de suivi (Grassi et al., 2016 ; Kaufman-Shriqui et al., 2016 ; Martinez-Andrade et al., 2014 ; Taghdisi et al., 2016 ; Wolfenden et al., 2014). En se basant sur la consommation actuelle des enfants australiens, cette augmentation équivaut à environ une demi-portion supplémentaire par jour.

Identifier les caractéristiques partagées par les interventions efficaces

D’après ce travail, les interventions permettant l’augmentation de la consommation de légumes chez les enfants partagent plusieurs caractéristiques. Les interventions les plus efficaces sont celles qui fournissent des messages :

  • Clairs,
  • Cohérents,
  • Dirigés vers plusieurs populations : parents/enfants ou parents, enfants et enseignants.


L’efficacité de ces messages est d’autant plus importante lorsqu’ils sont diffusés de manière cohérente dans plusieurs cadres – à la maison et à l’école par exemple. Enfin, les messages ciblés, sur la consommation de légumes ou de fruits et légumes, sont plus efficaces que les messages génériques sur le mode de vie.

Concernant les modalités pratiques d’intervention, deux aspects favorables ressortent : une durée d’intervention de 6 à 12 semaines, et des contacts fréquents avec les participants. Enfin, l’augmentation de la consommation de légumes a également été associée à l’utilisation de techniques d’opportunité sociale, permettant de rendre l’environnement de l’enfant favorable au changement (Cox et al., 2023).

En termes de contenu, toutes les interventions examinées, quelle que soit leur efficacité, ont ciblé les compétences psychologiques et utilisé l’éducation pour améliorer la connaissance et la compréhension des bénéfices de la consommation de légumes. Les auteurs concluent ainsi que des interventions multi-publics et multi-cadres sont nécessaires pour augmenter significativement la consommation de légumes chez les enfants.

Une boîte à outils à destination des acteurs de terrain pour encourager la consommation des légumes chez les enfants

Grâce aux éléments clés d’efficacité identifiés via la revue de la littérature, les auteurs ont formalisé des lignes directrices regroupant les bonnes pratiques pour augmenter la consommation de légumes chez les enfants. Les sept lignes directrices identifiées (voir figure 1 ci-dessous) peuvent être intégrées dans des programmes existants ou être utilisées pour concevoir de nouvelles initiatives.

Figure 1 : Lignes directrices sur les meilleures pratiques fondées sur des données probantes pour augmenter la consommation de légumes chez les enfants (d’après G et al., 2024)

Sur cette base, un ensemble de ressources et d’outils pratiques a également été élaboré à destination des acteurs de terrain : professionnels de la petites enfance, enseignants, professionnels de santé et acteurs économiques. Dans la dernière étape de ce processus, les auteurs ont consulté et impliqué ces parties prenantes afin de comprendre leurs besoins et réalités sur le terrain. Ces ressources sont disponibles gratuitement à l’adresse suivante : https://www.vegkit.com.au/.

La traduction des connaissances scientifiques en pratiques concrètes n’est pas traditionnellement incluse dans le processus de recherche. A ce titre, cette étude est un singulière et notable. Les auteurs invitent ainsi d’autres scientifiques à s’emparer de cette méthodologie pour l’appliquer à d’autres problématiques ou secteurs.

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