Europe : une production alimentaire globalement efficace, des progrès à faire en matière de gaspillage

28 novembre 2022

L’Europe est l’une des régions les plus touchées par les pertes et le gaspillage alimentaire dans le monde. Afin d’améliorer la durabilité du système alimentaire, il est impératif de rectifier cette situation. Au lendemain de la semaine européenne de la réduction des déchets, Aprifel revient sur une étude récente ayant évalué l’efficacité environnementale aux stades de production et de consommation dans 25 pays d’Europe. Ce travail montre globalement une bonne efficacité environnementale du stade de production. A l’inverse, il pointe des marges de progrès importantes au stade de la consommation et appelle à sensibiliser les consommateurs pour limiter le gaspillage alimentaire.

Nos sociétés font actuellement face à un double défi :

  • Nourrir plus et mieux une population en croissance, alors même que près de 10% de la population mondiale souffre actuellement de la faim (FAO, 2009) ;
  • Transformer les systèmes alimentaires afin de faire un meilleur usage des ressources naturelles tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre.
    Face à ces deux enjeux, réduire les pertes et le gaspillage alimentaire ainsi que les impacts environnementaux associés est plus que jamais une priorité (FAO, 2022). Pour ce faire, il est important d’identifier les causes des pertes de denrées et les étapes auxquelles elles surviennent.
88

millions de tonnes de nourriture sont perdues chaque année en Europe. (Commission Européenne)

10

millions de tonnes de nourriture consommable sont perdues chaque année en France. (Ademe, 2020)

15

millions de tonnes de CO2, soit 3% de l’ensemble des émissions de l’activité nationale seraient liées au gaspillage alimentaire en France. (ADEME)

Dans ce but, une étude récente (Lin, 2022) a évalué l’efficacité environnementale aux stades de production et de consommation alimentaire dans 25 pays européens. L’évolution de ce paramètre a été suivie de 2010 à 2018. Deux aspects essentiels ont été abordés :

  • Les émissions de gaz à effets de serre liées à l’agriculture et à la pêche ;
  • Les pertes alimentaires liées à la production, ainsi que le gaspillage alimentaire lié à la consommation.

Gaz à effet de serre : une tendance à l’amélioration pour la plupart des pays européens

L’efficacité en termes d’émissions de gaz à effets de serre correspond à la capacité à maintenir des niveaux d’émissions relativement bas au regard des quantités de denrées produites.
D’après ces travaux, l’efficacité de la production agricole (agriculture et pêche) en termes d’émissions de gaz à effet de serre s’est améliorée de 2010 à 2018 pour la majorité des pays européens (voir figure ci-dessous).

Figure 1 : évolution de l’efficacité en termes de gaz à effet de serre entre 2010 et 2018 pour 25 pays

Pertes et gaspillages : la production plus efficace que la consommation

Pour ce qui est des pertes et du gaspillage alimentaire, la grande majorité des pays étudiés sont efficaces dans leur production alimentaire, avec des pertes relativement faibles au regard des quantités produites. L’ensemble des pays européens affiche ainsi un haut niveau de performance en termes de production, qui peut notamment s’expliquer par l’utilisation de technologies agricoles et halieutiques relativement avancées.
A l’inverse, le stade de consommation montre des impacts environnementaux plus problématiques (voir figure ci-dessous). En effet, dans la plupart des pays, le gaspillage alimentaire est plus conséquent que les pertes liées à la production. 11 pays sur 25 présentent notamment une faible efficacité au stade de la consommation.

Figure 2 : évolution de l’efficacité au stade de production et de consommation entre 2010 et 2018 pour 25 pays

Au-delà de ces tendances générales, des différences sont observées entre pays :

  • La France, la Hongrie, l’Islande, l’Italie, Malte et les Pays-Bas présentent la meilleure efficacité environnementale que ce soit au niveau de la production ou de la consommation (efficacité=1).
  • A l’inverse, Chypre et l’Irlande sont les moins performants avec une efficacité globale inférieure à 0,5 en 2018. Leur efficacité est particulièrement critique au niveau des émissions de gaz à effet de serre liées à la production. Les auteurs soulignent ainsi, la nécessité d’accorder une attention particulière l’amélioration des processus de production dans ces pays.

Sensibiliser les consommateurs, ajuster la disponibilité à la demande et allonger la durée de vie des produits

Au regard de résultats de ce travail, les auteurs invitent à sensibiliser les consommateurs pour réduire le gaspillage alimentaire. Ils suggèrent également que le contrôle des déchets soit renforcé par l’Union Européenne et formulent des recommandations pour réduire le gaspillage alimentaire :

  • adapter la production et les importations en fonction de la demande alimentaire de chaque pays pour limiter les pertes et les déchets.
  • A l’échelle locale, mettre en place de banques alimentaires permettant aux consommateurs de déposer les aliments non consommés afin qu’ils soient redistribués aux plus précaires.
  • Soutenir la recherche et le développement de nouveaux emballages capables de retarder la croissance de bactéries et d’augmenter la durée de conversation des aliments.
Méthodologie – Efficacité environnementale

Dans ce travail l’efficacité environnementale correspond à la capacité à produire beaucoup d’aliments en utilisant le moins de ressources et en causant le moins d’impacts environnementaux possibles. Ce travail a intégré comme « charges » les intrants suivants – main d’œuvre, terres agricoles, engrais, énergie et import- qui ont été mis en regard des quantités de denrées produites/ disponibles (Lin, 2022).

Retour